Programme 2024-2025

14/11/24: La part du vivant des collections d’anthropologie culturelle 

Marion Bertin, “Une muséologie de la relation ? Le patrimoine kanak dispersé entre la Nouvelle-Calédonie et la France hexagonale”

Manuel Valentin, “Au musée de l’Homme : objets inertes, vivants ou en usage. Du vocabulaire aux réalités muséales”

28/11/24 : La colonisation des plantes et des savoirs par la collection

Hélène Blais, autour de son ouvrage L’Empire de la nature. Une histoire des jardins botaniques coloniaux (2023)

Vibe Nielsen, “The Colonial Roots of Botany – Legacies of Empire in British, Danish and North American Botanical Gardens”

12/12/24 : Enjeux éthiques autour des collections humaines

Lucia Piccioni, “Les collections des moulages faciaux anthropologiques aux frontières entre le vivant et le non vivant” 

Tricia Close-Koenig et Déborah Dubald, “Au fond du placard. Réflexion autour des collections de tissus humains collectés dans le cadre de la pratique médicale”

30/01/25: La vie de la terre ou les minéraux en collection sont-ils morts ?

Germain Meulemans et Gaëlle Ronsin, “Conservation en mouvement : des réserves de biodiversité aux réserves des musées”

Invité 2 à confirmer, sur les collections de géologie

06/02/25 : Latence de la vie, latence de la mort dans les collections végétales

Germinal Rouhan, “L’Herbier national : des collections anciennes et mortes, d’une grande vitalité scientifique actuelle”

Stéphane Tirard, “La vie latente, un état biologique courant, mais un impensé théorique ?”

13/02/25 : Séance de travail avec les étudiant.e.s

Programme détaillé

Séance 1. Jeudi 14 novembre 24. 14h-17h. Museum. 45 rue Buffon, Paris, Grand amphithéâtre d’entomologie (rez-de-chaussée bâtiment d’entomologie). Également à distance: lien de connexion

La part du vivant des collections d’anthropologie culturelle 

Cette première séance sera l’occasion de discuter des usages muséologiques européens de collections “lointaines” face aux usages “locaux” ou initiaux de celles-ci, dans des contextes où le “vivant” est une notion plurielle, évolutive, paradoxale…

Invité(e)s :

Marion Bertin, anthropologue et muséologue, chercheuse post-doc CHS

“Une muséologie de la relation ? Le patrimoine kanak dispersé entre la Nouvelle-Calédonie et la France hexagonale”

Manuel Valentin, anthropologue, maître de conférences MNHN, UMR PALOC, responsable scientifique des collections d’anthropologie culturelle au Musée de l’Homme

“Au musée de l’Homme : objets inertes, vivants ou en usage. Du vocabulaire aux réalités muséales”

Résumés, bios et bibliographie :

Marion Bertin – “Une muséologie de la relation ? Le patrimoine kanak dispersé entre la Nouvelle-Calédonie et la France hexagonale” – Depuis 1979, un inventaire du patrimoine kanak dispersé est entrepris sous la conduite de diverses institutions calédoniennes. Ce projet d’inventaire répond à une demande de Jean-Marie Tjibaou (1936-1989), figure du militantisme culturel et identitaire kanak. L’inventaire du patrimoine kanak dispersé est aujourd’hui une base de données accessible en ligne qui inclut 5300 objets kanak conservés dans des musées hors de Nouvelle-Calédonie. Certains de ces objets ont effectué des retours en Nouvelle-Calédonie lors d’expositions temporaires et de dépôts de plus longues durées. En prenant l’exemple de cet inventaire et des retours d’objets kanak, il s’agit d’étudier comment se construit une muséologie de la relation impliquant les objets des collections, le personnel de musées ainsi que des entités non-humaines telles que les ancêtres. Il s’agit aussi d’étudier de quelle manière les conceptions du patrimoine et de la muséologie s’ajustent en contextes kanak et calédonien.

Marion Bertin est docteure en anthropologie de La Rochelle Université et diplômée de Troisième cycle de l’École du Louvre en histoire de l’art et muséologie. Ses recherches portent sur les circulations et les valeurs des objets océaniens dans les collections privées et publiques. Elle s’intéresse tout particulièrement au “patrimoine kanak dispersé”, auquel elle a consacré un projet de recherche en tant que chercheuse post-doctorante au LabEx DynamiTe en accueil au Centre d’histoire sociale des mondes contemporains (2023-2024). Elle est par ailleurs enseignante à l’École du Louvre et à l’Université de La Rochelle, rédactrice pour la revue en ligne CASOAR et vice-présidente du Comité international pour la Muséologie (ICOFOM).

Bertin, Marion, « La statuette ambassadrice. Diplomatie kanak au musée du quai Branly », Terrain, n°73, 2020, pp. 228-235.

Bertin, Marion, Tissandier, Marianne, « L’Inventaire du Patrimoine kanak dispersé : une base de données au service d’une muséologie transnationale », in Brown, Karen (dir.), Brown, Jamie Allan (dir.), González Rueda, Ana S. (dir.), Transnational Island Museologies, Paris : ICOFOM, 2024, pp. 124-127.

Manuel Valentin – “Au musée de l’Homme : objets inertes, vivants ou en usage. Du vocabulaire aux réalités muséales” – Le choix des mots et des expressions pour qualifier les objets des collections muséales en disent long sur les cheminements intellectuels et les contextes idéologiques de celles et ceux qui en façonnent le discours. Les « nouvelles » collections d’anthropologie culturelle du Musée de l’Homme, parce qu’elles se veulent ancrées dans la réalité contemporaine, sont à la fois prisonnières de ce schéma, et porteuses des logiques de pensée parfois contradictoires qui marquent les pratiques muséales du XXIe siècle.

Manuel Valentin est anthropologue, maître de conférences du Muséum national d’histoire naturelle, membre de l’UMR208 Paloc. Il est responsable scientifique des collections d’anthropologie culturelle au Musée de l’Homme.

Séance 2. Jeudi 28 novembre 24. 14h-17h. Museum. 45 rue Buffon, Paris, Grand amphithéâtre d’entomologie (rez-de-chaussée bâtiment d’entomologie). Également à distance: lien de connexion

La colonisation des plantes et des savoirs par la collection

Lors de cette deuxième séance, nous nous intéressons aux institutions, aux savoirs et disciplines scientifiques élaborées par et pour les collections coloniales, mais aussi aux connaissances dissidentes et à leurs modalités de diffusion.

Invité(e)s :

Hélène Blais, historienne, professeure, ENS (Paris)

Autour de son ouvrage L’Empire de la nature. Une histoire des jardins botaniques coloniaux (Fin XVIIIe siècle – années 1930) (2023)

Vibe Nielsen, anthropologue, chercheure associée au Pitt Rivers Museum (Oxford), post-doctorante à la Ny Carlsberg Glyptotek (Copenhague) et au Department of Arts and Cultural Studies de l’université de Copenhage

“The Colonial Roots of Botany – Legacies of Empire in British, Danish and North American Botanical Gardens”

Résumés, bios et bibliographie :

Hélène Blais – “L’Empire de la nature. Une histoire des jardins botaniques coloniaux (Fin XVIIIe siècle – années 1930)” – Cet ouvrage retrace l’histoire des jardins botaniques coloniaux entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XXe siècle. En partant de ces sites spécifiques, enclaves de nature ordonnée créées dans les capitales ou à proximité des lieux de pouvoir, il analyse la manière dont est instituée une forme de domination coloniale liée à la maîtrise du monde naturel. Lieux de diffusion des connaissances botaniques, sites de vente, espaces de sociabilité, les jardins botaniques permettent ainsi d’examiner les rapports entre savoirs, pouvoirs et constructions sociales en situation coloniale. Articulé autour des lieux et de leurs usages, mais aussi des acteurs qui y travaillent, l’ouvrage montre la dimension savante globale des jardins, leur fonction politique et leurs usages économiques.

Hélène Blais est professeure d’histoire contemporaine à l’École normale Supérieure (ENS-PSL) et membre de l’Institut d’Histoire moderne et contemporaine (IHMC). Spécialiste de l’histoire des savoirs en situation coloniale, elle a publié Voyages au grand océan. Géographies du Pacifique et colonisation (CTHS, 2005), Mirages de la carte. L’invention de l’Algérie coloniale (Fayard, 2014) et co-édité de nombreux ouvrages, dont Une autre histoire de l’exploration du monde (Le Seuil, 2019).

Vibe Nielsen – “The Colonial Roots of Botany – Legacies of Empire in British, Danish and North American Botanical Gardens” – Although the involvement of botanical gardens in the colonial expansion of the British Empire is well documented, the public communication of this part of the history of the botanical gardens of Oxford and Kew is not as visible as it has increasingly become in many ethnographic museums, where the topic has been dealt with more actively within recent years. In this talk, presenting findings from ethnographic fieldwork conducted in the botanical gardens of Oxford and Kew in 2022 and 2023, Vibe Nielsen shows how the colonial legacies of the plant collections of the two gardens are only superficially communicated to their visitors, despite numerous initiatives taking place behind the scenes. Applying examples from fieldwork conducted in the Huntington Botanical Gardens in Los Angeles in 2024, the talk will present ways in which Indigenous names and uses of plants can be integrated in their public presentation through inclusions of their common names in different languages. The talk will finally provide examples from her most recent research on how the bourgeois fascination of plants from the tropics, and the ways in which they were presented in elaborate glasshouses around the turn of the century, are heavily rooted in European colonialism.

Vibe Nielsen is a museum anthropologist with a postdoctoral research position at the Ny Carlsberg Glyptotek and the Department of Arts and Cultural Studies at the University of Copenhagen, where she is the PI of the research project Passion or Politics. The art collecting practices of Carl Jacobsen in a socioeconomic and cultural political context 1878-1914, funded by the Ny Carlsberg Foundation. She remains affiliated with the Pitt Rivers Museum as an Associate Researcher and holds a Research Fellowship at Linacre College at the University of Oxford, where she was the PI of the postdoctoral research project Decolonising Museums: Changing Curatorial Practices at the Pitt Rivers and Quai Branly from 2021-24. The project was supported by the Carlsberg Foundation through a Visiting Fellowship at the Pitt Rivers Museum and a Junior Research Fellowship at Linacre College. Before her postdoctoral research position at the University of Oxford, she was affiliated with the Department of Anthropology at the University of Copenhagen, where she was awarded her PhD in 2019 and undertook her first postdoctoral research position from 2019-20.

Hélène Blais, L’Empire de la nature. Une histoire des jardins botaniques coloniaux (Fin XVIIIe siècle – années 1930), Ceyzérieu : Champ Vallon, 2023, 363 p.

Vibe Nielsen, « The colonial roots of botany – legacies of empire in the botanic gardens of Oxford and Kew », Museum Management and Curatorship, 2023, 38 | 6, p. 696–712.

Séance 3. Jeudi 12 décembre 24. 14h-17h. Museum. 45 rue Buffon, Paris, Grand amphithéâtre d’entomologie (rez-de-chaussée bâtiment d’entomologie). Également à distance : lien de connexion

Enjeux éthiques autour des collections humaines

Au cours de cette troisième séance, nous aborderons les collections de vestiges ou de fragments humains et questionnerons leurs spécificités patrimoniales, scientifiques et éthiques, sous l’angle du “vivant”.

Invité(e)s :

Lucia Piccioni, historienne de l’art, CR CNRS, CAK

“Les collections des moulages faciaux anthropologiques aux frontières entre le vivant et le non vivant” 

Tricia Close-Koenig et Déborah Dubald, historiennes, SAGE UMR7363 & DHVS, Université de Strasbourg

“Au fond du placard. Réflexion autour des collections de tissus humains collectés dans le cadre de la pratique médicale.”

Résumés, bios et bibliographie :

Lucia Piccioni – “Les collections des moulages faciaux anthropologiques aux frontières entre le vivant et le non vivant” – Les collections des moulages faciaux conservées dans un grand nombre de musées d’anthropologie du monde entier constituent une étude de cas majeure dans l’étude des frontières entre le vivant et le non vivant. Tout d’abord parce que la technique du moulage, éminemment artistique, est réservée pendant le Moyen Âge et la Renaissance à la création de masques funéraires mortuaires à usage votif. Au début du XIX^e siècle, les anthropologues et les voyageurs s’approprientcette pratique pour reproduire d’après nature les visages de populations extra-européennes reconctrées lors de voyages d’exploration. Si le procédé demeure quasi-identique à celui des masques mortuaires, le statut de ces artefacts change radicalement : il ne s’agit plus de commémorer un être cher disparu en observant la précieuse et unique reproduction de son faciès, mais de rechercher une « authenticité » qui prétend objectiver scientifiquement les « types » ethniques. La reproductibilté en serie de ces artefacts permet en outre leur échange entre les musées et leur diffusion sur une échelle europénne et globale à un moment historique où les anthropologues sont obsedés par la hiérachisation de l’humanité et la définitation des « races ». La question du statut de ces artefacts est d’autant plus importante que le moule original contient parfois des restes organiques – fragments de cheveux, de sourcils et de barbe – arrachés lorsque le plâtre a été retiré du visage. Si les moulages faciaux anthropologiques constituent des « collections sensibles », les législations en vigueur – LOI n° 2023-1251 du 26 décembre 2023 relative à la restitution de restes humains appartenant aux collections publiques, le Code de déontologie de l’ICOM pour les musées (2017), le Code de déontologie de l’ICOM pour les musées d’histoire naturelle (2013) ainsi que le Native American Graves Protection and Repatriation Act (1990) – ne les considèrent pourtant pas comme des restes humains. Or, le caractère intime de l’empreinte et la présence de matière organique imposent une reflexion sur la conservation de ces moulages dans les collections muséales et sur de possibles réparations liées à cet héritage colonial. 

Lucia Piccioni est chargée de recherche au CNRS, membre du Centre Alexandre Koyré (CAK). Docteure en Histoire de l’art à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et à la Scuola Normale Superiore de Pise (prix de la meilleure thèse de l’EHESS 2016), elle a obtenu plusieurs bourses de recherche – Deutsches Forum für Kunstgeschichte, Center for Italian Modern Art, Académie de France à Rome-Villa Médicis, musée du quai de Branly, bourse Marie-Skłowska-Curie à l’European University Institute. Outre sa première monographie Art et fascisme. Peindre l’italianité, 1922-1943 (2021), elle a publié plusieurs articles dans des revues internationales. Ses recherches interrogent le rôle des représentations visuelles et matérielles des corps dans les processus de racialisation qui marquent l’histoire européenne et globale entre1850 et 1940.  

Tricia Close-Koenig et Déborah Dubald – “Au fond du placard. Réflexion autour des collections de tissus humains collectés dans le cadre de la pratique médicale” – Cette communication à deux voix portera sur le cas des restes humains conservés dans le bâtiment de l’institut d’anatomie de la Faculté de Médecine de Strasbourg, et plus particulièrement sur les collections universitaires et autres préparations et fragments accumulés dans l’aile de l’ancien institut d’anatomie pathologique. Les restes humains que nous mobilisons posent une série de questions spécifiques lié au contexte des collections médicales historiques (i.e., consentement, violences, colonisation, etc.), et plus particulièrement celle de leur catégorisation. Ces questionnements ouverts peuvent entraîner une forme de négligence pour des résidus, banalisés ou déclassés, issus de pratiques pédagogiques, thérapeutiques ou scientifiques qui ne sont plus en conformité avec des standards contemporains de scientificité. Ainsi, nous reviendrons sur l’histoire spécifique de la collection, notamment sa notoriété historique au 18^e et 19^e siècles, sa provenance issue de l’activité d’autopsie de routine et de diagnostic en laboratoire de l’Institut d’anatomie pathologique des années 1870 à 2004, sa « récupération » par un département d’histoire de la santé, sa mobilisation contemporaine dans des projets de recherches en biomédecine et en sciences humaines et sociales. Cela nous permettra d’interroger l’appartenance, de la propriété et/ou de la classification légale et patrimoniale de la collection par sa contextualisation, et de souligner plus particulièrement la tension existante entre restes humains, conservation et patrimonialisation.

Tricia Close-Koenig est historienne des sciences et de la médecine et ingénieure de recherche au SAGE UMR7363 (Sociétés, Acteurs, Gouvernement en Europe) et au DHVS (Département de l’Histoire des Sciences de la vie et de la Santé) à l’Université de Strasbourg. Ses travaux de recherche portent sur la réflexion autour des restes humains dans les collections, la valorisation des collections d’anatomie pathologique, le diagnostic histopathologique du cancer et le système de classification des cancers. Elle est référente pour les collections d’anatomie-pathologique à l’université de Strasbourg.

Déborah Dubald est spécialiste d’histoire des cultures matérielles de la nature, des sciences et de la santé et maîtresse de conference au SAGE UMR7363 (Sociétés, Acteurs, Gouvernement en Europe) et au DHVS (Département de l’Histoire des Sciences de la vie et de la Santé) à l’Université de Strasbourg. Ses projets s’articulent autour de trois grandes directions : l’histoire des musées et collections d’histoire naturelle ; les relations entre histoire des collections, cultures matérielles de la nature et histoire environnementale (notamment avec le collectif Collection<>Ecologies) ; les usages des collections médicales, en particulier les restes humains, dans les pratiques académiques (recherche et enseignement) du 19e au 21e siècles. Elle est référente pour les collections d’anatomie-pathologique à l’université de Strasbourg.

Anna-Maria Begerock, Hilary Howes et Veronika Tocha, « The Ethics of Casts », Artefact [En ligne], 19 | 2023.

Klara Boyer Rossol et Lucia Piccioni (dir.), Artefact. Crânes, cerveaux. Penser les collections sciéntifiques des empires (fin XVIII^e-XX^e siècles), n°19, novembre 2023.

Lorraine Daston, et Peter Gallison, Objectivity, New York, Zone Books, 2007. 

Nélia Dias, « Moulages de têtes humaines et savoir anthropologique », Artefact [En ligne], 19 | 2023.

Nélia Dias, « The Visiblity of difference. Ninteteen-century French antropological collection », in Macdonald Sharon (éd.), The Politics of Display: Museums, Science and Culture, London-New York, Routledge, 1998, pp. 36-52.

George Didi-Huberman, La ressemblance par contact. Archéologie, anachronisme et modernité de l’empreinte, Paris, Les Éditions de Minuit, 2008.

Romain Duda, « Dumoutier et la collecte de moulages anthropologiques. Une empreinte de l’altérité au dix-neuvième siècle », in Juhé-Beaulaton Dominique et Leblan Vincent (éd.), Le spécimen et le collecteur : savoirs naturalistes, pouvoirs et altérités (XVIII^e-XX^e siècles), Paris, Publications du Muséum national d’histoire naturelle, 2018, pp. 315-347.

Noémie Etienne, « Blurring Objects. Life Casts, Human Remains and Art History », in Felicity Bodenstein, Damiana Oţoiu, et  Eva-Maria Troelenberg (éd.), Contested Holdings Museum Collections in Political, Epistemic and Artistic Processes of Return, New York, Berghahn Books, 2022, pp. 81-95.

Gwyneira Isaac et Sadie Colebank, « Anthropological face casts : Towards an ethical processing of their histories and difficult legacies of intimacy and ambiguity », Journal of Material Culture, 2022. 

Edouard Papet (éd.), A fleur de peau. Le moulage sur nature au XIX^e siècle, cat. expo., Musée d’Orsay 2001-2002, Paris, Ed. de la Réunion des musées nationaux, 2001. 

Lucia Piccioni, « Empreintes de l’alterité. Moulages faciaux africains et débats sur la ‘race’ dans l’Italie fasciste », in Frédéric Keck (ed.), Valeurs et materialités, Paris, ENS éditions, 2019, pp. 81-94

Lucia Piccioni, « Dupliquer et hiérarchiser l’humanité. Les moulages faciaux du musée d’anthropologie de Florence », S. Sebastiani and S. Loriga (ed.), Passés/Futurs. Showcasing Humanity, n°6, novembre 2019. 

Marc Renneville, « Un terrain phrénologique dans le grand océan (autour du voyage de Dumoutier sur l’Astrolabe en 1837-1840) », in Claude Blanckaert (éd.), Le terrain des sciences humaines – instructions et enquêtes (XVIII^e – XX^esiècle), Paris, Ed. L’Harmattan, 1996, p. 89-138.

Séance 4. Jeudi 30 janvier 25. 14h-17h. Museum. 45 rue Buffon, Paris, Grand amphithéâtre d’entomologie (rez-de-chaussée bâtiment d’entomologie). Également à distance : lien de connexion

La vie de la terre ou les minéraux en collection sont-ils “morts” ?

Cette séance sera l’occasion d’interroger la part vivante des collections géologiques ou minéralogiques… qui peuvent sembler à première vue inertes, voire “mortes”. Il s’agira de porter un nouveau regard sur les fragments terrestres ou extra-terrestres conservés en collections, ainsi que sur les échantillons de sols, et de se demander dans quelle mesure ces collections peuvent être considérées comme “vivantes”.

Invité(e)s :

Germain Meulemans, CR CNRS, CAK, et Gaëlle Ronsin, MCF, CERES, anthropologues

“Conservation en mouvement : des réserves de biodiversité aux réserves des musées”

Invité 2 à confirmer, sur les collections de minéralogie et géologie

Résumés, bios et bibliographie :

Germain Meulemans et Gaëlle Ronsin – “Conservation en mouvement : des réserves de biodiversité aux réserves des musées” – Dans cette présentation, seront discutées les perspectives issues du séminaire “Conservation en mouvement”, qui, durant quatre ans, a permis de croiser différents regards sur les politiques et les pratiques de la conservation, et de tenir un dialogue à l’interface entre différents objets de la conservation : les aliments, la biodiversité, et les objets de musée. Leur réflexion s’appuiera sur des cas variés afin de comprendre comment toute entreprise de conservation, à savoir le maintien de l’intégrité matérielle et symbolique d’une entité (plante, plage, réserve, levure…), s’accommode, compose, ou met en jeu des processus de transformation, de dégradation, de (re)formation. Ils chercheront par là à aborder la conservation d’un point de vue pragmatique et performatif, comme la maintenance de ce qui se modifie sans cesse, plutôt que comme la préservation d’un état ou d’un espace fixe par essence. Germain Meulemans présentera quelques pistes d’enquêtes sur les sols à partir de ces réflexions.

Germain Meulemans est anthropologue au Centre Alexandre-Koyré (CNRS) à Paris. Situées à l’intersection de l’anthropologie de l’environnement et des Science and technology studies, ses recherches portent sur l’enchevêtrement des connaissances et des politiques dans les questions de conservation et de restauration des sols. 

Gaëlle Ronsin est maitre de conférences en sociologie et en anthropologie à l’UFC, chercheure au CERES/ENS. Elle mène des recherches sur les politiques de conservation de la nature.

Séance 5. Jeudi 6 février 25. 14h-17h. Museum. 45 rue Buffon, Paris, Grand amphithéâtre d’entomologie (rez-de-chaussée bâtiment d’entomologie). Également à distance : lien de connexion

latence de la vie, latence de la mort dans les collections végétales

Cette séance renvoie aux phénomènes de suspension de la vie dans certaines collections sèches, qui n’entrent pas d’emblée dans la catégorie de collections vivantes…

Invité(e)s :

Germinal Rouhan, systématique et évolution de la biodiversité, Maître de conférences MNHN, responsable scientifique de l’herbier du Muséum

“L’Herbier national : des collections anciennes et mortes, d’une grande vitalité scientifique actuelle”

Stéphane Tirard, épistémologue et historien des sciences de la vie et de la médecine, Professeur Nantes Université

“La vie latente, un état biologique courant, mais un impensé théorique ?”

Résumés, bios et bibliographie :

Germinal Rouhan – “L’Herbier national : des collections anciennes et mortes, d’une grande vitalité scientifique actuelle” – L’Herbier national du Muséum est sans doute le plus grand au monde, avec 8 millions de spécimens. Les organismes conservés, plantes vasculaires, mousses, algues, lichens et autres champignons, sont de différentes nature (herbiers, organes en alcool, bois, lames etc) mais par définition sont secs et biologiquement morts une fois constitués dans cet ensemble de collections. Indéniablement, les herbiers véhiculent toujours l’idée d’ancienneté, de simplicité, et parfois même de désuétude. Pourtant la vie des herbiers est plutôt trépidante car les collections sont en mouvement et bien que certains objets aient quasiment quatre siècles, tous s’ancrent pleinement dans le 21^e siècle, par la source de données potentielles qu’ils représentent pour répondre à des questions scientifiques et environnementales actuelles et qui se diversifient continuellement. Pour illustrer ce propos, l’exposé présentera d’abord l’Herbier, son histoire, son enrichissement, et le fonctionnement de cette grande collection internationale. Ensuite, plusieurs exemples seront présentés pour illustrer la grande vitalité scientifique des herbiers.

Germinal Rouhan est botaniste. Maître de conférences du Muséum national d’Histoire naturelle, il est chercheur à l’Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité (ISYEB), et responsable scientifique de l’Herbier du Muséum. Ses recherches s’inscrivent dans des perspectives d’exploration, de description et d’analyse de la biodiversité ; elles se situent dans le domaine de la systématique et de l’évolution des plantes vasculaires, en particulier des fougères et lycophytes.

Muller S., Invernon V., Rouhan G. 2021. “Les herbiers, témoins des enjeux de conservation de la biodiversité et des impacts des changements globaux”. pp. 253-270. In Les collections naturalistes dans la science du XXIe siècle (Pellens R., ed.). ISTE Editions. ISBN 9781789480498. https://doi.org/10.51926/ISTE.9049.ch16  https://hal-mnhn.archives-ouvertes.fr/mnhn-03324284

Besnard G., Gaudeul M., Lavergne S., Muller S., Rouhan G., Sukhorukov A.P., Vanderpoorten A., Jabbour F. 2018. “Herbarium-based science in the 21st century”. Botany Letters 165(3-4): 323–327. https://doi.org/10.1080/23818107.2018.1482783  https://hal.science/hal-02348659

Stéphane Tirard – “La vie latente, un état biologique courant, mais un impensé théorique ?” — La vie latente est un état caractérisé par un arrêt du métabolisme d’un organisme pendant une durée plus ou moins longue de son cycle de vie. Certaines graines de végétaux, les mousses ou encore les tardigrades et les rotifères en sont des exemples connus de longue date. Depuis la deuxième moitié du XXe siècle des méthodes de cryoconservation exploitent cette propriété en plaçant en vie latente des objets biologiques dépourvus naturellement de cette capacité. Il s’agit par exemple d’embryons et de gamètes de mammifères, y compris humains dans le cadre de la procréation médicalement assistée, de tissus végétaux en vue de la conservation de variétés ou de cellules conservées à des fins de recherche.
Un regard historique porté sur les études de la vie latente depuis le XVIIIe siècle montre qu’à plusieurs reprises elle a fait l’objet d’une réflexion théorique notamment sous la plume de Lazzaro Spallanzani, (1729-1799), Michel Doyère (1811-1863), Claude Bernard (1813-1878) ou Daniel Keilin, auteurs dont nous rappellerons les propos. En revanche, depuis le milieu du XXe siècle, alors que la vie latente est désormais exploitée dans de nombreux contextes, nous notons la rareté des réflexions synthétiques sur cet état biologique pourtant si important. La deuxième partie de cette intervention s’interrogera sur ce paradoxe.

Stéphane Tirard est professeur d’épistémologie et d’histoire des sciences de la vie et de la médecine à Nantes Université. Il travaille notamment sur des sujets relatifs aux limites de la vie et a publié :  Histoire de la vie latente. Des animaux ressuscitants du XVIIIe siècle aux embryons congelés du XXe siècle, Paris, Adapt-Vuibert, 2010.

Bernard C. [1878], Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux, avec une préface de Georges Canguilhem, Paris, Vrin, 1966.

Doyère M. L., Mémoire sur l’organisation et les rapports naturels des tardigrades et sur la propriété remarquable qu’ils possèdent de revenir à la vie après avoir été complètement desséchés Propositions sur la physiologie et l’histoire naturelle, Paris, Imprimé chez Paul Renouard, 1842.

Keilin D., “The problem of anabiosis or latent life: history and current concept”, Proceedings of the Royal Society of London, 1959.

Lemke T., “Conceptualising Suspended Life: From Latency to Liminality” Theory, Culture & Society, 2023, 40 (6), 69-86.

Spallanzani L., Nouvelles recherches sur les découvertes microscopiques et la génération des corps organisés. Ouvrage publié en français, traduction de l’Abbé Regley, texte initial de Spallanzani, notes et commentaires de Needham, Lacombe, 1769.

Spallanzani L., Opuscules de physique animale et végétale, à Genève, Chez Barthelemi Chirol, 1777.

Radin J., Life on Ice A History of New Uses for Cold Blood, Chicago, University of Chicago Press, 2017.

Tirard S., Histoire de la vie latente des embryons aux animaux ressuscitants, Paris, Adapt-Vuibert, 2010.

Tirard S., « Les grainothèques : conserver et préserver grâce à des espaces biotechniques de temporisation », Emanuele Clarizio, Céline Chérici, Jean-Claude Dupont Xavier Guchet, Yves-Edouard Herpe (Dirs), Conserver le vivant, Paris, Editions Matériologiques, 2022, pp. 283-300.

Séance 6. 13 février 2025. 14h-17h. A huis clos pour les étudiant.e.s inscrit.e.s uniquement. Museum. 45 rue Buffon, Paris, Grand amphithéâtre d’entomologie.

Séance de travail avec les étudiant.e.s.